Une expérience fondatrice
Jeune professionnel, je suis rapidement devenu membre du conseil d’administration (CA) d’un organisme reconnu dans son milieu, puis élu président après quelques années.
Au début de mon mandat à la présidence, je m’appuyais sur mes connaissances de base, mon intuition, un bon directeur général (DG) et une relation de confiance avec le CA. Mais quelques années plus tard, un événement tragique a tout bouleversé : notre DG est décédé subitement.
Dès le lundi matin, le CA et moi-même nous sommes retrouvés responsables de maintenir le fonctionnement de l’organisme.
Le cadre légal et les responsabilités
C’est à ce moment que j’ai pleinement réalisé la portée du cadre légal :
Le conseil d’administration administre les affaires de l’organisme et en exerce tous les pouvoirs, à l’exception de ceux attribués à l’assemblée générale des membres par la Loi et les règlements. Un membre de CA « doit agir avec prudence et diligence. Il doit aussi agir avec honnêteté et loyauté dans l’intérêt de la personne morale » (l’organisme).[1]
La direction générale, quant à elle, agit sous l’autorité du CA, assume la responsabilité du fonctionnement de l’organisme et en assure la gestion courante. Mais si ce poste devient vacant, c’est au CA, sous le leadership de la présidence, d’assumer la responsabilité d’organiser l’intérim et de lancer le recrutement d’une nouvelle direction.
Le rôle central de la présidence
Pour faire face à diverses situations auxquelles le CA est confronté, dont celle importante du remplacement de sa direction générale, la présidence doit s’assurer que les membres :
- Ont une connaissance claire de la situation actuelle de l’organisme ;
- Ont une vision partagée de l’avenir souhaité ;
- Ont procédé régulièrement à l’identification des défis à relever pour la direction générale ;
- Si cette dernière est à remplacer, ont procédé à la définition des qualités recherchées pour la prochaine direction générale, tout en étant conscients de ne pas chercher la copie de la DG sortante.
La présidence doit aussi s’assurer régulièrement, en particulier lors de l’entrée en fonction d’une nouvelle direction, de revoir ses relations CA–DG, notamment concernant :
- La qualité, la quantité et le format de l’information transmise au CA ;
- Les règlements, politiques et procédures encadrant le fonctionnement de l’organisme ;
- Les ajustements à long terme nécessaires pour garantir l’efficacité du fonctionnement du CA.
Un leadership mobilisateur
De façon générale et plus spécifiquement dans des situations particulières, la présidence exerce un leadership mobilisateur consistant à :
- Identifier les étapes à franchir lors de décisions importantes;
- Proposer un plan de travail et un calendrier ;
- Impliquer les membres du CA selon leurs compétences ;
- Clarifier les marges de manœuvre entre la présidence et le CA ;
La présidence doit aussi veiller, en séance de CA, à :
- Inspirer et maintenir la confiance des membres ;
- Donner la parole à chaque membre ;
- Favoriser des débats constructifs menant au consensus ;
- Rappeler les responsabilités collectives et individuelles ;
- Développer des méthodes de travail efficaces, afin de limiter le temps requis des membres.
Des qualités à posséder
L’une des premières qualités à posséder pour assumer la présidence est l’engagement envers l’organisme, sa mission et la communauté dans laquelle celui-ci évolue. Connaissant bien la mission et les objectifs de l’organisme, la présidence est en mesure de bien apprécier les retombées de son action dans sa communauté. Elle peut ainsi mieux soutenir et mobiliser les membres du CA et de l’organisme ainsi que la direction générale pour réaliser cette mission et faire face aux nombreux défis que cela comporte.
La présidence doit bien entendu avoir une conscience concrète de la responsabilité du CA et du cadre légal qui la définit. Cette conscience lui permettra de mieux définir la relation qui sera mise en place entre le CA et la direction générale, relation qui sera principalement incarnée par la présidence.
Le choix de la personne à la présidence
L’élection à la présidence et aux autres postes d’officiers du CA se tient chaque année après l’assemblée générale des membres. Trop souvent cette étape se franchit comme une simple formalité, à la va-vite, pendant que les membres sont encore dans la salle et prennent une collation. Si de nouveaux membres se joignent au CA, ils en sont réduits à assister à une opération organisée à l’avance, sinon à décider, avec très peu d’information sur leurs collègues et les enjeux, de confier des responsabilités importantes à des personnes de bonne volonté, mais ne possédant pas nécessairement les capacités et les qualités requises.
Pourtant, il y a d’autres façons de procéder en amont pour mieux réaliser cette étape de l’élection des officiers. Si le CA adopte de bonnes pratiques, il procède d’abord à l’évaluation annuelle de son fonctionnement pour laquelle BE peut fournir des outils et de l’accompagnement. Cette évaluation permet d’identifier les améliorations à apporter et facilite l’intégration des membres du CA dans leur fonction. Il en viendra aussi à mieux connaitre les membres en fonction et à déterminer le profil des personnes à recruter éventuellement pour répondre aux besoins de compétences du CA, incluant celles requises de la part des officiers comme la présidence, le secrétariat et la trésorerie. Ainsi, les membres du CA seront en meilleure position pour échanger sur leurs attentes à l’égard des titulaires des postes d’officiers à élire et de la sorte mieux choisir ces derniers, dont la présidence. Cet éclairage permettra aussi de mieux répondre aux besoins de formation et d’accompagnement des personnes selon leur rôle.
Accompagnement et développement des compétences
Le rôle de la présidence de CA est exigeant. Il est donc important de maîtriser cette fonction que l’on soit en poste depuis peu ou depuis plusieurs années.
Bénévoles d’Expertise offre des accompagnements personnalisés, adaptés aux besoins spécifiques de chaque présidence.
Ce texte a été rédigé par Jean-Yves Simard, bénévole expert en gouvernance.
En complément
Une annexe présente :
- Les responsabilités générales respectives d’un CA et d’une direction générale ;
- Les qualités personnelles attendues d’une présidence ;
- Les connaissances à acquérir et les rôles à assumer ;
- Des articles de référence pour aller plus loin.
Référence
[1] Code civil du Québec, 1991, c. 64, a. 322.
Bibliographie
- Laurin, André. La fonction de président de conseil d’administration. Le droit de savoir, février 2008, 8.
- Parent, Stéphane. Que devrait savoir un président de conseil d’administration d’OBNL lorsqu’il arrive en poste ?, ESPACE OBNL. Consulté le 11 septembre 2025.
- Poulin, Danielle. Présider un OBNL est un rôle fondamental, Caméo Consultation. Consulté le 11 septembre 2025.

